Ce projet impromptu m’a semblé un détour dans ma pratique, mais en fait, subrepticement il m’a ramené au centre de ma démarche artistique, car Michel Favreault semble aujourd’hui incarner, voire personnifier de manière bien concrète, une dimension de l’homme dans la relation « Homme et Nature », sujet que j’explore depuis de nombreuses années. De l’acte contemplatif à la conquête, comment l’homme prend-il possession du territoire naturel? Comment se lie-t-il à lui ? De fait, par ce projet, par le biais de la correspondance, par sa mise en œuvre, j’ai pu pénétrer l’univers d’un homme (un citoyen du 21esiècle, à la fois actuel, commun et atypique) dont le regard est porté vers une nature à conquérir, une nature qui permet l’autarcie, une nature salvatrice.
Dans « Les coureurs des bois existent encore », Favreault mémorise et raconte avec aplomb des histoires et des anecdotes liées à sa trajectoire de vie, à son éveil, à sa quête personnelle conquise à même celle des découvertes des territoires naturels. On peut lire également des réflexions sur la peur, sur la nature dans laquelle il a aimé se fondre, et sur quelques faits ayant marqué l’histoire du Québec. Favreault, le raconteur, témoigne, magnifie, vit par les souvenirs de nouveau librement.
Petite histoire
En août 2018, je fais la connaissance du couple, Michel Favreault et Mireille Laurendeau, citoyens de la Mauricie. Je suis touchée par l’homme, par le narrateur habile et enthousiaste jusqu’à oublié sa maladie dégénérative. Toutefois, à la lecture d’un article écrit par Isabelle Légaré paru dans la Tribune, Favreault communique son désarroi face à la maladie, je bondis et souhaite passer à l’action. Étant vivement interpellée par son grand attrait pour la nature et la souffrance qu’il éprouve à en être privé, je lui ai proposé un projet de collaboration, soit mettre par écrit des récits liés à son rapport à la nature dans lesquels je puiserai pour créer des œuvres. Proposition qu’il accepta et qui devint le projet « 2018-2019 puis 2020»